un cycliste de dos, roule à proximité d'un tramway, avec un gilet jaune

Pôle d’Échanges Multimodal : Comment inclure le vélo dans l’offre mobilité ?

L’intermodalité, et plus particulièrement les pôles d’échanges multimodaux (PEM), jouent un rôle crucial dans nos territoires de plus en plus mobiles. Et ce, quelle que soit leur densité ! Désormais, le défi est de construire une intermodalité globale, qui inclut tous les usagers.

Plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas ? Car dans un PEM il ne suffit pas de superposer les modes de transport, mais bien de les connecter entre eux de façon fluide. 

Pour cette année 2023, les Journées AGIR se sont emparées du sujet lors de la conférence “Pôle d’échanges multimodal : de la gouvernance à l’usage des PEM”. Ni une ni deux, on profite de cet article pour vous partager les idées phares de la conférence. Et répondre aux questions que vous vous posez au quotidien : Comment connecter les services de mobilité entre eux ? Comment répondre à tous les usages d’un territoire ? Et surtout, comment intégrer judicieusement le stationnement vélo dans l’offre multimodale ?

 

C’est quoi un pôle d’échanges multimodal ?

1. Définition d’un pôle d’échanges multimodal

Souvent, on associe un pôle d’échanges multimodal (PEM) à une gare ferroviaire. Mais la définition d’un PEM est bien plus large que ça ! En effet, un PEM est surtout un lieu qui regroupe plusieurs moyens de transport (vélo, bus, tramway, train…). Son objectif est de faciliter l’intermodalité pour les voyageurs, en simplifiant les connexions entre les modes de transport.

“Rabattre, transporter, diffuser : voilà la définition d’un PEM.”

Sébastien Simonnet, consultant chez Transitec (Journées AGIR 2023)

2. Les objectifs d’un pôle d’échanges multimodal

La finalité d’un pôle d’échanges multimodal va plus loin que la simple superposition des moyens de transport. Bien conçu, il répond à plusieurs objectifs : 

  1. Un objectif de transport, pour rendre les correspondances fluides entre chaque mode de transport. En permettant aux usagers de passer d’un moyen de transport à un autre rapidement et facilement, les territoires offrent une expérience agréable pour l’usager et développent l’attractivité du PEM. Pour faciliter le passage entre les modes de transport, ils peuvent installer une signalétique lisible, positionner des points d’informations à des endroits clés, raccourcir la distance à parcourir entre les modes de transport, installer des parkings vélos sécurisés accessibles par contrôle d’accès et par caméra de comptage des vélos…
  2. Un objectif de services, pour améliorer l’offre de transports publics. Cela passe par l’installation d’infrastructures récentes qui incluent tous les usages (notamment les usages minoritaires comme les personnes à mobilité réduite ou les personnes âgées par exemple) pour faire du PEM un lieu de vie confortable. Mais cela passe aussi par une offre mobilité unifiée et claire, qui tend à être tournée vers le MaaS (Mobility As A Service) avec une tarification attractive, un système de billettique unique, des horaires pratiques et des interfaces usagers simples à prendre en main pour acheter une formule mobilité.
  3. Un objectif d’urbanisation, pour intégrer harmonieusement le pôle d’échanges multimodal dans son environnement urbain. Lors de la conférence des Journées AGIR 2023, Renaud Lagrave, VP en charge des transports et mobilités de la région Nouvelle Aquitaine déclare à ce sujet “qu’il y a un travail de planification urbaine à réaliser et qu’il faut repenser le modèle urbain dans sa globalité, à l’échelle de la ville, pour ne pas avoir de décalage.”

3. Quels sont les enjeux d’un pôle d’échanges multimodal ?

Aujourd’hui, on estime qu’il faut repenser (ou du moins améliorer) les pôles d’échanges multimodaux, pour exploiter pleinement leur potentiel et en faire des centres de mobilité.

“Les PEM sont à réinventer. Aujourd’hui les gares sont considérées comme des gares et c’est tout.”

Renaud Lagrave, VP en charge des transports et mobilités de la région Nouvelle Aquitaine (Journées AGIR 2023)
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Conférence Journées AGIR 2023

Et pourtant, les bénéfices d’un PEM qui va plus loin qu’une simple gare ferroviaire ne sont plus à prouver ! Que ce soit pour : 

  • Développer l’économie d’un territoire, en augmentant le flux de voyageurs (travailleurs, étudiants, touristes…)
  • Préserver l’environnement, en proposant des alternatives à la voiture individuelle, pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports. 
  • Favoriser l’inclusion sociale, en développant l’accès à la mobilité et en réduisant les contraintes de déplacements pour les personnes qui n’ont par exemple pas de voiture individuelle.

 

Comment proposer une intermodalité tournée vers tous les usagers ?

Voici les 3 conseils de La Ruche à Vélos, pour proposer une intermodalité 100% tournée vers le besoin usager.

Conseil 1 : Intégrer les usagers dès le début de la réflexion du pôle d’échanges multimodal

“Il faut dans la réalisation des PEM commencer d’abord la réflexion par l’usage.”
(Journées AGIR 2023)

Inclure dès le début du projet les usagers dans la réflexion d’un pôle d’échanges multimodal, est très bénéfique pour un territoire. Pour vous donner un coup de pouce, nous vous avons concocté une liste non exhaustive des moyens à mettre en place pour être au plus proche des attentes usagers :

  • des enquêtes quantitatives et qualitatives
  • des observations terrains
  • des groupes de discussion
  • des consultations publiques
  • des expérimentations

En mettant en place les moyens adéquats, le territoire peut alors comprendre facilement les habitudes des usagers, leurs envies et leurs façons de se déplacer. De cette façon, il est assuré de répondre parfaitement aux attentes des voyageurs. Mais surtout, grâce à cette prise de recul sur l’usage, il s’assure que le PEM soit utilisé.

Bien évidemment, dans une logique d’amélioration continue, il convient d’itérer les enquêtes, observations terrains, groupes de discussions et tout autre moyen mis en place par les parties prenantes en charge du projet de construction du PEM, pour faire émerger continuellement des pistes de réflexions.

Conseil 2 : Construire un lieu de vie attractif pour les voyageurs

  • En prenant en compte tous les usagers qui gravitent autour d’un pôle d’échanges multimodal : travailleurs, touristes, étudiants, personnes à mobilité réduite, femmes enceintes, personnes âgées, cyclistes, nouveaux usagers des mobilités actives… Chaque infrastructure doit être accessible à tous ces voyageurs ! Que ce soit les quais, les ascenseurs, les escaliers, les passerelles, les boxs vélos sécurisés, les espaces de repos… Pendant la conférence des Journées AGIR 2023, Sébastien Simonnet, consultant chez Transitec insiste d’ailleurs qu’il “faut être vigilant sur le fait de ne pas oublier les usages minoritaires.” 
  • En informant les usagers en temps réel, grâce à une signalétique claire et mise à jour régulièrement. Il existe sur le marché de multiples supports pour communiquer aux voyageurs les informations importantes (correspondances, retards, horaires, plan, nombre de places libres dans une consigne vélo sécurisée…) comme les panneaux de signalétique, les applications, les points d’informations, les panneaux de remplissage ou bien l’affichage digital.
  • En assurant le confort et la sécurité des voyageurs et de leurs équipements. Avec des espaces de repos dédiés (bancs, chaises, cafés…), des abris pour se protéger des intempéries, des toilettes, des caméras de surveillance, du stationnement vélo sécurisé avec des parkings vélos, boxs vélos individuels…

Conseil 3 : Privilégier une stratégie vers le MaaS pour une offre mobilité personnalisée à chaque usager

On pense souvent que le MaaS (Mobility as a Service) s’adresse exclusivement aux territoires à forte densité. Et pourtant, c’est faux ! Car chaque territoire, quelle que soit sa taille, peut adapter le MaaS en fonction de ses besoins en mobilité et de ses modes de transport existants.

Bien sûr, les territoires à forte densité sont plus enclins à se tourner vers le MaaS. Parce que sur ces territoires, la demande de mobilité est plus forte et qu’il y a une pluralité de modes de transport. Mais cela ne signifie pas que les territoires moins denses doivent faire l’impasse sur un pôle d’échanges multimodal tourné vers le MaaS. Au contraire ! En proposant une offre de mobilité intégrée, le PEM devient plus attractif et il s’acquitte de bases solides, dans le cas où il devrait évoluer dans les années à venir.

D’autant plus que dans un PEM, le MaaS est indispensable ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il simplifie l’offre mobilité du territoire, avec une offre tout-en-un. En regroupant l’offre mobilité sur une seule plateforme, l’expérience usager est fluide, continue et personnalisée.

Bon à savoir !

Pour que le MaaS soit un franc succès, il faut : 

  1. Que tous les services de chaque transport soient connectés les uns aux autres (informations en temps réel, billettique…)
  2. Que tous les usagers aient un accès facile aux interfaces usagers (application, portail web) pour pouvoir consulter les informations et réserver des trajets.
  3. Que l’expérience voyageur soit personnalisée : l’usager doit pouvoir configurer et personnaliser entièrement son espace (annoter ses préférences, enregistrer ses trajets récurrents…)

 

Comment créer une vision d’intermodalité commune autour du PEM ?

1. Réunir les acteurs clés

Parmi les parties prenantes qui oeuvrent à la réalisation d’un pôle d’échanges multimodal, on retrouve en général : 

  • Les autorités publiques
  • Les opérateurs de transport
  • Les entreprises privées
  • Les usagers
  • Les associations
  • Les urbanistes
  • Les services techniques et administratifs 
  • Les maîtres d’ouvrage

2. Faire co-travailler les acteurs grâce à l’AMO, dans une dynamique d’intermodalité

Si plusieurs acteurs sont impliqués dans la construction d’un pôle d’échanges multimodal, les opinions et les intérêts de ces acteurs divergent. La gouvernance a donc un rôle essentiel pour faire co-travailler tous ces acteurs, dans une dynamique commune. 

“Avant de parler d’un PEM il faut parler de la coordination des Assistants à Maîtrise d’Ouvrage (AMO). Car lorsqu’on commence à travailler sur les PEM, le sujet est de mettre tous les acteurs autour de la table. Il y a donc avant tout un enjeu de coordination pour que l’intermodalité fonctionne.”

Renaud Lagrave, VP en charge des transports et mobilités de la région Nouvelle Aquitaine (Journées AGIR 2023)

Vous l’aurez compris, l’Assistant à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) a un rôle crucial dans la réalisation d’un pôle d’échanges multimodal, puisqu’il est garant de sa réussite. Tel un chef d’orchestre, il coordonne l’ensemble des acteurs qui interviennent dans la construction du PEM, planifie et contrôle le projet de A à Z. Il intervient donc dans la gestion financière, la gestion des risques, le contrôle de la qualité et la coordination des acteurs. L’AMO doit pousser l’intelligence collective, pour ne pas que les acteurs réfléchissent à l’intermodalité de façon isolée. En bref, son rôle est complet et essentiel.

Bon à savoir !

Selon la complexité du projet, un ou plusieurs AMO peuvent être amenés à travailler sur la construction ou l’amélioration d’un pôle d’échange multimodal.

 

Quel est l’intérêt de déployer du stationnement vélo sécurisé dans un pôle d’échanges multimodal ?

Dans la majeure partie des cas, le vélo est une étape dans le trajet des voyageurs qui se rendent dans un pôle d’échanges multimodal. Ils utilisent le vélo pour se rendre jusqu’au PEM, puis le stationnent à proximité pour ensuite prendre un autre mode de transport. Par exemple, de nombreux vélotafeurs utilisent leur vélo personnel pour se rendre en gare ferroviaire, avant de prendre le train. Il est notamment important de déployer du stationnement vélo en gare, en suivant nos 6 conseils pour rendre votre service de stationnement attractif aux abords des gares ferroviaires. Le vélo est donc un moyen de rabattement ou de diffusion depuis ou vers un PEM.

C’est pourquoi, combiner une offre de stationnement vélo sécurisé à d’autres moyens de transports en commun, renforce l’attractivité d’un pôle d’échanges multimodal. De cette façon, les voyageurs peuvent laisser leur vélo en sécurité dans un box vélo individuel équipé d’un contrôle d’accès. Ils peuvent ensuite voyager sereinement, sans s’encombrer de leur vélo dans le train ou le bus.

Cette vision, les pôles d’échanges multimodaux des Pays-Bas l’ont bien compris. L’idée que le stationnement vélo soit un pivot pour les PEM est très bien ancré. En effet, comme le démontre cet article de Julien De Labaca, aux Pays-Bas, il est très facile de trouver une place de stationnement vélo pour son vélo.

 

3 conseils pour rendre le stationnement vélo sécurisé attractif dans un PEM

1. Créer un réseau continu de pistes cyclables, relié au PEM

Il y a peu de chance que le stationnement vélo soit attractif dans un PEM, s’il n’y a pas de pistes cyclables pour s’y rendre en toute sécurité. N’est-ce pas ? Pendant les Journées AGIR 2023, La Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) annonce clairement que : “La priorité est sur les infrastructures et les réseaux cyclables. Pour permettre un potentiel fort de complémentarité avec les transports en commun.”

Ici, l’attractivité du stationnement vélo ne dépend pas uniquement du PEM mais bien du territoire tout entier. Ce dernier doit donc travailler main dans la main avec le pôle d’échanges multimodal sur un maillage des pistes cyclables, pour créer un réseau de pistes continu et sécurisé, idéalement séparé des voitures.

2. Déployer du mobilier de stationnement vélo sécurisé

Ce n’est un secret pour personne ! Les PEM sont propices aux vols et dégradations de vélos. Alors bien souvent, il n’est pas rare de voir des cyclistes prendre le train avec leur vélo, faute de stationnement vélo sécurisé.

“La massification du stationnement vélo est un levier principal pour favoriser l’intermodalité. Car emporter son vélo avec soi n’est pas une solution souhaitée par les cyclistes. Il faut donc avec du stationnement vélo qualitatif, des emplacements intuitifs et de la sécurité sur le stationnement.”

Claire-Marine Javary, chargée du plaidoyer intermodalité à la FUB (Journées AGIR 2023)

Il est donc primordial d’assurer la sécurité des vélos stationnés aux abords des pôles d’échanges multimodaux, avec les solutions La Ruche à Vélos : 

  • des abris vélos sécurisés collectifs comme Sequoia ou des locaux équipés de contrôle d’accès
  • des abris vélos individuelscomme Filao, également équipés de contrôle d’accès
  • des caméras de vidéosurveillance pour sécuriser les cyclistes et leur vélo dans les abris vélos collectifs
  • des caméras de comptage à la place pour analyser en temps réel le nombre de places occupées et donc le nombre de racks libres mais aussi pour identifier les vélos abandonnés

3. Proposer aux cyclistes une offre mobilité multi-support et multi-usages

Comme nous l’évoquions plus haut dans cet article, le MaaS est l’opportunité de développer une offre de mobilité attractive et cohérente, tout-en-un. Bien sûr, le stationnement vélo n’y fait pas exception. Et ce, quelle que soit la taille de votre territoire !

Vous pouvez par exemple y aller pas à pas et commencer par installer un contrôle d’accès La Ruche à Vélos sur les parkings vélos existants ou futurs de votre pôle d’échange multimodal.

Grâce à cet investissement impactant, vos cyclistes pourront : 

  1. Souscrire une place de stationnement vélo depuis une application ou un site d’achat en ligne
  2. Accéder à vos parkings vélos sécurisés par carte de transport en commun, par application, par digicode…

Idéale, cette solution répond à tous les besoins de vos usagers. Que ce soit pour les cyclotouristes qui recherchent du stationnement vélo occasionnel ou pour les vélotafeurs qui souhaitent stationner leur vélo régulièrement toutes les semaines. En résumé, chaque usager trouve son compte !